Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 13 au 20 avril (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Quelqu’un », Sophia, Seuil, 1973, p. 377 ; Œuvres complètes, vol. II, L’Âge d’Homme, 2003, p. 417.
- « Le Risque de la mort », conférence prononcée à la Semaine des intellectuels catholiques (6-12 novembre 1963), in L’avenir, DDB, 1964, p. 176-183. Repris dans La Face humaine, Seuil, 1965, p. 241-242.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
13 avril
13 avril 1945
« La diction est un art », Arts, n° 11, p. 3. « Au cours des mois qui ont suivi la libération, une fureur de galas s’est emparée de la France entière (…). Dans les premiers temps, il n’était pas un de ces “festivals” qui ne comportât une partie poétique, dont les “poètes de la Résistance” faisaient les frais. (…) J’ai assisté, comme juge et partie, à plusieurs de ces orgies poético-musicales. Elles m’ont toujours attristé. La poésie n’y résiste pas, elle devient un magma informe. Les messieurs en habit qui s’avancent sur le bord de la scène, une feuille de papier à la main, et récitent des vers avec une désinvolture, ou un air ennuyé, que je veux bien croire feints, sont peut-être d’excellents comédiens (pour certains d’entre eux, cela ne fait pas de doute) : mais ils ne savent pas ce qu’est la poésie. Je ne parle pas, bien entendu, de ceux qui bredouillent leur papier, trébuchent sur les mots, télescopent deux vers en un seul, et de temps en temps approchent la feuille de leurs yeux, comme atteints de myopie soudaine. Je n’en ai qu’aux plus honnêtes, qui ont pris la peine, avant de le dire, de comprendre leur texte et de le lire plusieurs fois. »
14 avril
14 avril 1956
Diffusion de la 2e émission radiophonique des « Entretiens avec Pierre Emmanuel » de la série « Des idées et des hommes » (2e série) avec Jean Amrouche – « Examen de conscience d’un poète ». « Quand je dis de Dieu qu’il est le vent (Visage nuage), je veux dire que ce Dieu secret et qui emplit le monde, c’est ce souffle même qui passe par nous, comme je l’avais dit la dernière fois, qui passe par nous, mais pour aller ailleurs. Et nous, qui sommes les proférateurs de la parole, nous lançons donc devant nous quelque chose, un être de pensée, qui marche devant nous et qui nous oblige de le suivre sans être sûrs de rattraper. »
15 avril
15 avril 1955
« Ce beau métier de journaliste », article de Pierre Emmanuel dans Témoignage chrétien, n° 562, p. 2. « Autour de nous, on vit, on gagne de l’argent, on achète à crédit et l’on s’évade en vacances, sous le double signe de la bombe H et des arts ménagers ; on se passe très bien d’être libre. La liberté, telle que nos contemporains la conçoivent, c’est celle de boire frais ou d’aller camper dans un village de toile : elle s’achète à tempérament, avec le frigidaire ou le billet de voyage. Je n’ai rien contre elle et la crois bonne dans ses limites : mais je ne puis pas ne pas voir que l’or s’est changé en plomb, que la liberté spirituelle est remplacée par d’étroits avantages matériels, que cette poussière de libertés d’acquérir réduit l’homme au monde plat de la poussière. Nous sommes entrés en régime totalitaire, et la tyrannie qui s’exerce sur nous c’est l’instinct social contemporain, notre société acquisitive, pour employer un néologisme américain. Une telle société n’a que faire des principes moraux ; ces tables de la Loi sont des diagrammes de forces. »
16 avril
16 avril 1971
« Les embûches d’une nouvelle société », article de Pierre Emmanuel dans France catholique, n° 1270, p. 20. Repris dans « le projet culturel », in Pour une politique de la culture, p. 181-186. « Quand une société n’a pour projet global que son propre dynamisme économique, garanti par un système industriel auquel la majorité de ses membres rêve d’échapper parce qu’ils ne peuvent y participer, mais souvent aussi parce qu’ils le refusent, cette société s’enraye constamment et progressivement se bloque : ce sera, si l’on n’y prend garde, le cas de la société française sous nos yeux. Le projet économique n’est pas suffisant à lui seul pour stimuler les énergies. Le rêve général, par lequel on croit se dérober au système, est celui d’une abondance moyenne, correspondant à un rétrécissement de l’éventail des revenus, à un égalitarisme que l’on confond avec la justice. Rien ne prouve qu’un tel rêve soit réalisable et puisse durer sans le maintien de la pression économique, à laquelle veulent se soustraire ceux qui le font. »
17 avril
17 avril 1975
Joseph Boly, « La révolution parallèle, par Pierre Emmanuel », 4 millions 4, Bruxelles, 27, 17 avril 1975, p. 15. « Pierre Emmanuel, dans un monde souvent désacralisé, se présente, écrit Marcel Lebet, comme “le témoin d’une culture orientée vers l’essentiel, vers ces choses d’en haut que saint Paul nous invite à goûter”. Dans ses nombreux recueils poétiques, dans ses innombrables essais, Pierre Emmanuel (de son vrai nom Noël Mathieu, né à Pau, en 1916) ne dit jamais autre chose. Poète, il n’a pas hésité à prendre un moment la tête de la Commission de réforme de l’enseignement du Français et du Conseil du développement culturel et il continue aujourd’hui, par ses articles et par sa présence, à agir fortement sur les responsables politiques. »
18 avril
18 avril 1980
« De grandes générosités », Le Monde, p. 20-21. [À l’occasion de la mort de J.-P. Sartre] « M. Pierre Emmanuel, délégué national du RPR à la culture, fait cette déclaration : “Un homme présent, un homme encombrant parce que, toute sa vie, il a fait de l’homme son interrogation continuelle. D’où son engagement dans l’histoire, et les divers engagements politiques auxquels il vouait son intelligence et sa passion. Il s’est trop trompé, peut-être parce que sa vision de la société est devenue de plus en plus manichéenne. Il a cherché toute sa vie un milieu dont il se serait senti entièrement solidaire, et une révolution assez pure pour qu’il s’y incorporât. Plus que sa pensée, c’est son attitude qui émeut. Ce protestant qui n’avait pas rencontré Dieu voulait sans le savoir être un Christ souffrant : l’homme de douleur, porteur du péché, de la laideur et de la misère du monde. Assumer ainsi le poids de l’histoire, au prix de lourdes erreurs mais aussi de grandes générosités, n’est pas fréquent chez un intellectuel”. »
19 avril
19 avril 1967
Diffusion d’une émission radiophonique de la collection « La semaine littéraire du… ». Pierre Emmanuel est interviewé par Evelyne Schlumberger sur son essai Baudelaire. « Je ne me sentais pas particulièrement proche de [Baudelaire] avant que l’on ne m’ait demandé de m’en occuper. C’est alors que je suis entré dans son œuvre avec une grande attention et une grande application puisque le temps de préparation du livre m’a coûté plus d’un an de lecture et de réflexion, et j’ai senti qu’il y avait dans toute son œuvre quelque chose qui correspondait assez bien à mes réflexions de ces dernières années, à savoir la contradiction qu’il peut y avoir entre l’art et quelque chose d’autre et de plus grand que lui. Gertrud Von le Fort a écrit dans Le Voile de Véronique que l’art est quelque chose de second ordre, c’est ce que je crois, alors qu’au contraire dans Baudelaire, l’art est l’essence même de la vie. J’ai voulu étudier de près l’idée pour ainsi dire religieuse qu’il se faisait de l’art, et dans laquelle je voyais moi-même une contre-religion, mot que Baudelaire lui-même emploie assez fréquemment. »
20 avril
20 avril 1971
Enregistrement d’une émission radiophonique de la collection « L’étoile de chance » sur Pierre Emmanuel pour France Inter. La productrice et présentatrice en est Marguerite Taos, la sœur de Jean Amrouche. « [C]’est la conviction fondamentale de ma vie, probablement aussi de mon être, mais comme toutes les grandes convictions, comme toutes les fois sur lesquelles nous sommes fondés, je la trahis à chaque instant. Il ne s’agit pas seulement d’être dans les mots, mais il s’agit que le contenu des mots soit dans l’existence. Or, c’est l’ambiguïté radicale, peut-être, de celui qui sent si fortement le privilège et le devoir de la parole que de sentir aussi à chaque instant combien il la trahit. Je veux dire, combien il est infidèle à la réalité la plus intime et la plus sublime qu’il porte en lui. Je crois que la parole humaine, à un certain degré de concentration et d’attention, nous requiert, nous met en face de notre propre grandeur, qui est une grandeur qui nous dépasse infiniment, mais elle nous met également en face de tout ce qui nous manque pour atteindre à cette grandeur. De, non pas seulement de l’intervalle, mais souvent de l’abîme entre cette grandeur et nous. Donc, être fidèle à la parole humaine, c’est avoir peut-être plus que d’autres le sentiment de lui être infidèle. »