2018
Pierre Emmanuel nous a quittés il y a bientôt 35 ans, le 22 septembre 1984. Comment ne pas rappeler que, depuis toutes ces années, le Centre de recherche et l’Association des amis de Pierre Emmanuel, soutenus par diverses personnalités du monde culturel, universitaire, associatif et régional, se sont mobilisés pour sauvegarder sa mémoire et faire redécouvrir ou découvrir son œuvre immense.
Aujourd’hui, et c’est très encourageant, une nouvelle génération de chercheurs, d’universitaires, de poètes et d’éditeurs prend le relais. Nous ne pouvons que nous réjouir de l’intérêt qu’ils portent à Pierre Emmanuel et les remercier du travail qu’ils accomplissent.
Outre les conférences, émissions radiophoniques et articles évoquant Pierre Emmanuel, mentionnons quelques initiatives qui ont marqué ces derniers mois :
. Réginald Gaillard, poète et éditeur, a choisi de faire rééditer aux éditions Corlevour La Face humaine, un ouvrage en prose de Pierre Emmanuel publié en 1965 aux éditions du Seuil. « La gloire de croire est lesujet de ce livre. Parfois – rarement - un reflet en passe sur nous » écrivait l’auteur dans sa postface.
. Arnaud Despax, professeur agrégé de lettres modernes, docteur en littérature française, a fait paraitre aux éditions Champion Totalité et poésie au XXe siècle un ouvrage dont un tiers est consacré à l’œuvre de Pierre Emmanuel. En introduction l’auteur écrit : « Quoique minoritaire dans la poésie européenne du XXe siècle, l’héritage romantique d’une démiurgie souveraine reste pourtant explicitement maintenu chez certains comme André Frénaud, Pierre Emmanuel et Patrice de La Tour du Pin ».
. Ombeline d’Epinay prépare actuellement un mémoire à la Sorbonne sur Les chansons du dé à coudre, un recueil de poèmes publié en mai 1947 (Fribourg-Paris-Egloff).
. L’IMEC/Institut Mémoires de l’édition contemporaine propose, du 26 avril au 16 juin 2019, une grande exposition intitulée Liberté, j’écris ton nom présentant des archives de la vie littéraire sous l’Occupation. Celles de Pierre Emmanuel sont naturellement présentes à plusieurs endroits, en particulier dans la vitrine des revues poétiques.
François Bordes, délégué à la recherche à l’IMEC, a évoqué Pierre Emmanuel lors de la rencontre qu’il a animée sur la « bibliothèque de l’ombre 1935-1945 », en ouverture de l’exposition. Albert Dichy, directeur littéraire de l’IMEC le mentionne également à plusieurs reprises dans l’article de Télérama du 29 avril dernier : « L’archive peut toucher du doigt l’histoire dans ce qu’elle de plus intime, merveilleux, terrible ».
Par ailleurs, certains amis de Pierre Emmanuel ont bien voulu partager avec nous des souvenirs ou des découvertes précieuses :
. Véronique Mattéoli de Rode nous a offert un témoignage inédit trouvé dans les archives de son père : des dizaines de lettres et de poèmes manuscrits adressés par Pierre Emmanuel à son ami François Guillot de Rode dans les années 1934/1935 alors qu’il suivait les cours de philosophie de Jean Wahl à l’université de Lyon.
. Daniel Trallero a découvert une stèle datant de 1989 à Bosdarros à 3km de Gan, ville natale du poète, sur laquelle est gravé un vers de Pierre Emmanuel « vous ne pouvez empêcher l’arbre d’être libre » tiré de « l’Hymne à la Liberté » paru en 1941 dans la Suisse Contemporaine.
. Jean-Paul Mathieu, après la mort récente de son père Jean Mathieu, cousin germain de Pierre Emmanuel et grand scientifique, a retrouvé une correspondance très émouvante entre Pierre Emmanuel, son oncle et son cousin. Plusieurs lettres qui viennent éclairer des relations familiales complexes et qui montrent que le lien n’a jamais été rompu.
. Un ami libraire a trouvé des livres, anciens peu ou pas connus, qui sont venus enrichir notre collection parmi lesquels :
- Villon choix de textes et préface par Pierre Emmanuel dans « Le Cri de la France », une collection dirigée par Pierre Courthion ( Egloff-Fribourg 1944).
- Fenêtres, un petit livre objet, paru en 1981, entièrement manuscrit par Pierre Emmanuel et mis en page par Colette Deblé
L’année 2018 a été marquée par la disparition de deux amis de Pierre Emmanuel. D’abord celle du fidèle ami, le grand poète et romancier Georges-Emmanuel Clancier. Ils s’étaient rencontrés pour la première fois aux Journées de Lourmarin en septembre 1941 et n’avaient jamais cessé de se voir. Dans son dernier ouvrage, Le temps d’apprendre à vivre, Georges-Emmanuel Clancier raconte cette première rencontre : « Tout en lui faisait penser à un jeune et maigre prophète. Éloquent, inspiré et visionnaire, il ressemblait à ses poèmes... »,
et, plus récemment, celle de Jean Starobinski, grand intellectuel, musicien et critique littéraire. Un ami cher que Pierre Emmanuel avait connu lors de son premier voyage en Suisse, à l’automne 1942.