Les nouveautés sur le site
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• Cela s'est passé un... Semaine du 19 au 26 janvier (ci-dessous).
• L'extrait du mois :
- « Luisants de leur argile encore humide… », L’Autre, 17, Seuil, 1980 ; Œuvres complètes, vol. III, L’Âge d’Homme, 2003, p. 503.
- « Le désert et le puits », Esprit, 1963, n° 9, p. 193 sq.
• « The power of the poet », The Atlantic, n° 187, janvier 1951, p. 74-77.
• 28 novembre 2019 : décès de M. François Livi, exécuteur testamentaire du poète et président du Centre de recherche. Cf. colonne de droite (Centre de recherche).
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Mme Catherine Emmanuel Carlier, présidente de l'Association des Amis de Pierre Emmanuel, lui rend ici hommage.Chers Amis,
La nouvelle de la mort de François Livi nous a tous bouleversés, il est parti trop vite, trop tôt.
Au fil du temps nous avions appris à le connaître. Nous aimions son humour, la qualité de son écoute, son humilité, sa bienveillance.
Parfois, il se plaisait à nous raconter sa première rencontre avec Pierre Emmanuel, en 1966 rue de Varenne, alors qu’il était un tout jeune étudiant et comment très vite ils se lièrent d’une profonde amitié. Une amitié qui ne s’est jamais démentie.
François Livi exécuteur testamentaire de Pierre Emmanuel fut le président du Centre de recherche, crée en 1986. Il a beaucoup œuvré, avec tous les membres du Centre, à la connaissance et à la mémoire du poète et nous lui en sommes très reconnaissants.
Comme il va nous manquer lui qui nous a tant donné et tant appris !
Catherine Emmanuel Carlier
Présidente de l’Association des amis de Pierre Emmanuel
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• Des nouvelles dans "On en parle...", colonne de droite: livres, émissions et articles nouveaux sur Pierre Emmanuel
• IMPORTANT : Les photos, textes et autres documents de ce site ne sont pas libres de droit, ceux de Facebook ou des affiches non plus.
• Rappel : les liens sont visibles lorsqu'on passe sur le texte.
Le mot de l'Association
Depuis sa création, en 1985, l'Association s'est attachée à servir la mémoire de Pierre Emmanuel et à faire connaître son œuvre en apportant son soutien à des publications, rencontres, expositions, émissions radiophoniques et à différents hommages en France comme à l'étranger.
La création d'un site Pierre Emmanuel s'est imposée comme une évidence et une priorité. Un nouvel outil pour retracer l'itinéraire de l'écrivain, du poète et de l'homme d'action engagé dans son siècle en faisant découvrir ses multiples visages : l'homme de culture, son action auprès des médias, mais aussi l'homme de foi, l'homme courageux, le résistant, le défenseur des droits de l'homme.
C'est un travail énorme qui fut engagé, un travail exigeant et rigoureux mené par Anne Simonnet (*) aidée dans ses recherches par des témoins de la vie de Pierre Emmanuel, par le Centre de recherche et par la famille du poète. Une approche aussi complète a nécessité des années de consultation dans les archives de la BNF, de l'Imec, l'Ina, et d'autres fonds. Des manuscrits, des photographies, des lettres et des documents souvent inédits, prêtés par des amis, des proches ou d'anciens collaborateurs de Pierre Emmanuel ont considérablement enrichi le site.
Pierre Emmanuel visionnaire, initiateur et créateur de la Vidéothèque (Forum des Images), confiant dans les nouvelles technologies, aurait certainement apprécié l'instrument de connaissance, de dialogue et d'échange que constitue un tel site.
Proposer un site clair, lisible, complet et accessible à tous, telle fut notre démarche pour que Pierre Emmanuel reste vivant dans les mémoires.
Catherine Carlier, Présidente de l'Association
(*) Anne Simonnet est professeur de Lettres classiques, Docteur ès Lettres, auteur de l'ouvrage Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint et d'une thèse : Le Christ de Pierre Emmanuel. L'élaboration d’un mythe personnel.
Cela s'est passé un... (La micro-information du jour)
19 janvier
19 janvier 1979
Alain Bosquet, « Les interrogations de Pierre Emmanuel », Le Monde, p. 13. « [D]ans les Cantos et les Chansons du dé à coudre, [Pierre Emmanuel] se fait élégiaque, oublie ses colères et traduit de la vie intime comme de la vie publique un aspect plus riant, sans qu’il soit mineur.
Peut-être n’a-t-on pas attaché assez d’importance à une veine plus secrète de sa poésie : celle où, dans un langage étonnamment concis, Pierre Emmanuel exprime ses incertitudes, son combat avec lui-même, son besoin aussi de ne pas céder trop vite à la lumière déjà faite, mais où il évolue devant la lumière à faire. Ce lyrisme-là, comme extorqué à la conscience et encore plongé dans l’inconscient, il le pratique en amoureux de chaque syllabe, un peu en héritier de Baudelaire et de Hölderlin. Jadis, Visage nuage, entre autres, nous donnait de son introspection une vue presque monastique. Aujourd’hui, Una ou la mort la vie renouvelle, en la modernisant, la même expérience. »
20 janvier
20 janvier 1972
Christian Dedet, « Pierre Emmanuel et Maurice Clavel », Combat, p. 1, 4. « Quand une civilisation commence à succomber sous le poids de la barbarie, il reste deux attitudes à ceux qui s’efforcent de ranimer la petite flamme vacillante de ce qu’il faut bien désigner aujourd’hui par ce terme ambigu de culture. Deux attitudes qui viennent d’être illustrées récemment et dont Maurice Clavel d’une part, Pierre Emmanuel d’autre part pourraient être les figures de proue. […] Ne nous y trompons pas : bien qu’académicien, Pierre Emmanuel est de ceux qui veulent changer la vie. Il serait même utile de préciser qu’une probité intellectuelle assez rare aujourd’hui lui fait retourner l’arme de la formule contre sa propre poitrine : “Change ton cœur, et tu vivras”. Il est de ceux qui acceptent encore d’aller avec un peu de cendres au front. Mais au nom de cette culture – disons plutôt cette exigence d’homme – que l’époque écrase quand elle ne la colonise pas, il a choisi d’agir à la manière des rivières souterraines. Orienter, suggérer, infléchir : qui sait si à la sortie du tunnel, à défaut d’avoir été entendu, il n’aura pas maintenu une présence. »
21 janvier
21 janvier 1955
« Rien que la vérité », Témoignage chrétien, n° 550, p. 2. « Soyons enfin naïfs, mes amis : non faussement, mais franchement, fièrement naïfs. Donnons-nous ce luxe, cette liberté précieuse, quitte à prêter à rire aux cyniques et aux renseignés. Ils savent tout, eux, et ne croient à rien : nous ne savons pas grand’chose, mais nous croyons en la vérité.
Ces messieurs n’aiment pas les paysans du Danube : quand l’un de nous, chaussé des gros sabots de sa logique, se mêle de les contredire ou de les rappeler aux faits, ou bien ils font comme s’il n’était qu’un courant d’air, ou bien ils l’apostrophent pour la galerie : “Quelle est ta solution, gros malin ?” Car de nos jours, avec le progrès idéologique, on ne commence de s’attaquer aux problèmes qu’une fois leur solution trouvée. Or comme la solution n’est jamais cherchée dans le problème mais ailleurs, dans les grandes idées par les uns, dans leurs petits intérêts par les autres, chacun sait avant toute chose qu’il ne peut y avoir de vraie solution. »
22 janvier
22 janvier 1982
Jean-Pierre Maurel, « Capables de Dieu », France catholique, n° 1832, p. 9. « Comme poète, Pierre Emmanuel replace tout ce qui le frappe, le choque, l’émeut, dans la totalité, donc dans la durée. L’homme est ancien, oui, mais “l’idée que la durée est précieuse parce qu’en elle la vie s’intègre est très éloignée de la plupart des consciences modernes… L’homme moderne ne dure pas : il n’a pas d’identité continue. Il est instantané, intermittent”. / L’homme : qui est-il ? Toutes les pages de L’arbre et le vent n’ont au fond qu’un but : trouver l’homme, le dire dans son irréductible dignité, l’arracher au Moloch. Pierre Emmanuel parle avec passion, avec angoisse parfois, du déclin de nos sociétés : “Un effacement qui se produit par petites touches, par changements mineurs en apparence”. »
23 janvier
23 janvier 1952
Enregistrement d’une émission radiophonique dans la collection « Le goût des livres » sur Babel. L’essentiel de l’émission est mené par Étienne Lalou, qui présente et lit de longs extraits de Babel. Pierre Emmanuel conclut : « Babel s’écroule, en effet, et s’écroule parce que les hommes ont redécouvert les choses communes ; les choses concrètes que l’excès de l’abstraction leur avait fait perdre. Et cet écroulement de Babel est en même temps une défaite provisoire du Roi. C’est-à-dire de l’homme qui veut se faire Dieu. De ce surhomme qui veut porter à l’absolu sa puissance. Mais cette défaite n’est que provisoire. Parce que, en vérité, l’histoire est un drame qui a, jusqu’à un certain point, dans ce poème, il faut bien le dire, une allure manichéenne. Et le Roi avoue sa défaite, mais il l’avoue dans l’espérance d’une victoire ultérieure. »
24 janvier
24 janvier 1948
« À cœur ouvert : Bulgarie et Hongrie », article de Pierre Emmanuel dans Une Semaine dans le monde, n° 89, 24 janvier 1948, p. 3. « Passé la frontière yougoslave, à la première gare d’arrêt je lis les inscriptions familières : chef de gare, salle d’attente, lampisterie, etc. Suis-je en France ? Non, en Bulgarie. Notre langue est ici langue internationale ; les bulletins officiels, les statistiques, les comptes rendus d’exercices sont publiés conjointement en bulgare et français. Voici le “Bulletin des relations culturelles” : des écrivains et des savants bulgares s’y adressent au monde extérieur dans le français le plus pur. J’ai sous les yeux le manuscrit d’une anthologie de la poésie bulgare, traduite en français par un ancien élève de Normale supérieure, maintenant attaché au gouvernement de son pays. Ce livre doit être édité par le ministère de l’information bulgare à l’usage de l’étranger, et c’est notre langue qui servira de véhicule à l’esprit bulgare jusqu’en Amérique du Sud. »
25 janvier
25 janvier 1965
Écriture de « La gloire de croire ». « Un poète commence par chanter Dieu sans trop savoir ce qu’il chante, qui il chante. C’est là son erreur – si c’en est une : il est loin d’en être entièrement responsable. Dès que nous entrons dans le jeu de Dieu, nous ne sommes plus maîtres du nôtre. Mais il ne fallait pas tenter Dieu. Un jour, ce poète comprend de qui il parle, et surtout qui parle : trop tard. Une exigence inextinguible s’est emparée de lui. Notre Dieu est un feu consumant. Une fois son désir éveillé, toute l’existence se consume à le nourrir, sinon à le satisfaire.
Pourtant ce poète n’a pas changé, ni désormais ne changera guère. Il a toujours les mêmes concupiscences, il hante les mêmes lieux. Il refuse toujours qu’un tiers se glisse entre lui et sa parole – il voudrait que nul ne se fût encore glissé entre sa parole et lui. »
26 janvier
26 janvier 1956
Enregistrement d’une émission radiophonique de la série « Le poème et son image » sur et avec Jean Rousselot. Pierre Emmanuel en est le producteur et le présentateur. « A. Béguin nous disait la semaine dernière que le poète moderne ne peut être lu en anthologie. Qu’il faut, pour pénétrer son univers, entrer dans toute son œuvre, essayer d’en trouver les thèmes et les harmoniques, d’en refléter, en somme, l’unité. Et je me demande si ce n’est pas pour cela que la poésie d’aujourd’hui, plus qu’à tout autre moment de notre histoire littéraire est silencieuse. En ce sens que le public ne vient pas à elle, parce qu’elle demande un certain effort. Elle ne s’isole pas dans tel ou tel texte privilégié ; il faut essayer de vivre de la vie du poète à travers son œuvre pour la comprendre. C’est peut-être pour la poésie un malheur actuel. C’est peut-être aussi une nécessité. Parce que plus l’homme moderne tend à se disperser, à s’effriter en poussière, plus le poète d’aujourd’hui essaie de le reconstituer, de se faire homme, de se donner à la fois une définition de soi-même et une définition de sa présence au monde. »