« J’ai dit suffisamment que je n’étais un écrivain que dans la mesure où j’étais un être vivant, et donc qu’écrire n’était pour moi qu’une façon de corroborer l’expérience, de l’approfondir, de répondre à certaines de ses interrogations, de pousser plus avant un questionnement intérieur qui avait sa source dans la réalité quotidienne, en entendant la réalité quotidienne, bien entendu, comme l’ensemble des questions que soulève la présence au monde d’un être vivant, parce que si l’on limite la réalité quotidienne au simple fait des activités d’une journée considérée de l’extérieur, ça n’est pas de la réalité quotidienne. Nous sommes à la fois ces êtres déterminés par des exigences sociales, professionnelles, d’horaires, ces nécessités de la vie de chaque jour, et des êtres indéfiniment questionnant, qui nous posons comme une interrogation insistante et fondamentale, la question du pourquoi de notre existence, et il y a le comment de notre vie ordinaire. Je crois que c’est très important pour se rendre compte que la vie quotidienne n’est pas la vie quotidienne ! » (Entretien inédit)