En 1970, Pierre Emmanuel publie Jacob, ouvrage aussi important pour lui que Tombeau d’Orphée. Avec cet ouvrage imposant, le poète trouve définitivement sa voix et ses dimensions : de l’origine jusqu’à l’accomplissement dans le silence, il réfléchit inséparablement sur l’histoire de l’homme et l’incarnation de la parole. La figure de Jacob lui permet de sortir de l’impasse où il semblait s’enfoncer précédemment : Dieu ne demande pas au poète de renoncer à sa création (« Sans offense à Dieu, je crée des mondes », explique-t-il dans une conférence) mais de lutter avec elle et avec Lui. La parole propre du poète, sa voix singulière et universelle, se crée dans ce combat et en témoigne.
Suivent d’autres grandes cosmogonies : Sophia, bâtie comme une cathédrale, vaste méditation sur le féminin (1973), Tu (1978), fresque de l’Esprit qui souffle où il veut, et enfin Le grand œuvre.