En 1980 l’église protestante célèbre le 450e anniversaire de la Confession d’Aubsbourg. Pierre Emmanuel est alors sollicité par le pasteur Jacques Fischer, et présente un oratorio joué les 23, 24, 25 juin 1980 au Cloître des Billettes, Paris, par un groupe spécialisé dans l’expression gestique et liturgique : Emmaüs. Pierre Emmanuel présente ainsi son œuvre :
« (…) Je me suis posé la question : Qu’est-ce, au fond, pour les chrétiens d’aujourd’hui (catholiques, orthodoxes, luthériens, réformés, etc.), que d’être, ensemble, des chrétiens ? Et de l’être non pas entre eux, mais à travers leur histoire divisée et contre elle, bien qu’en elle ; de l’être dans un monde athée qui professe à la fois l’absurdité de l’histoire et celle de l’homme qui la fait ; de l’être dans un univers éclaté où d’autres grandes traditions, aujourd’hui, interrogent nos esprits sur une conception de Dieu qui ferait sa place à leurs intuitions fondamentales ; de l’être enfin dans un cosmos, dans une nature, à l’égard desquels l’homme se découvre une responsabilité de locuteur, et qui lui posent la question d’un salut tout-englobant.
(…) Sans doute sommes-nous en des temps aussi décisifs que celui de Luther, mais cette fois planétaires, où le fait d’être chrétien peut apparaître comme un provincialisme que les syncrétismes auxquels on nous invite réduiraient, je pense, au contraire, que le fait d’être chrétien exige un dépassement mental, une révolution copernicienne de nos habitudes, qui nous fasse accéder à l’universalité inhérente à la personne du Christ : nous sommes requis de penser la forme universelle du christianisme, ce qui devrait modifier très profondément nos langages particuliers et nous permettre d’être ensemble les ouvriers de la même vigne, des ouvriers communicants. »
L’oratorio est repris ensuite dans Le grand œuvre, dont il constitue l’avant-dernière partie, juste avant « Fenêtres ».
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