La vie terrestre, « Sortir de la caverne »
La vie terrestre paraît en 1976. L’œuvre reçoit son titre d’une phrase de Bonhoeffer (Lettres de prison) : « C’est en vivant pleinement la vie terrestre qu’on parvient à croire ». Deux grandes parties la constituent : « Discours érotique », « Discours chrétien ».
Pierre Emmanuel explique : « Je voudrais montrer comment l’exercice de la poésie m’a conduit à la vie chrétienne – du moins à celle, tout infirme qu’elle est, que présentement je vis. Ce que je viens de dire m’incite d’abord à témoigner du mode de vie singulier, de la forme de pensée distincte de toute autre, qu’est pour le poète la poésie ». Le texte introductif : « Pour vivre ici » rappelle les grandes étapes de la vie et de la poésie de Pierre Emmanuel dans cette perspective.
Partant de Baudelaire, qui, affirme Pierre Emmanuel, « conçoit, organise l’érotisme comme une activité spirituelle, une mystique de la chute et de la mort », l’essayiste réfléchit sur la société contemporaine et la réduction qu’elle opère – ou essaie d’opérer – de l’érotique au sexuel et au pornographique et des dangers d’un tel faux sens pour l’homme, plus encore pour la femme. « Ni ange, ni bête », Pierre Emmanuel montre comment la dimension érotique de l’être humain est au contraire le lieu de la quête de l’autre pour ne faire qu’un avec lui ; quête toujours vouée à un semi échec dans la mesure où l’unité est impossible ici-bas, mais signe aussi que l’être ne peut être heureux seul et qu’il est appelé à une plus haute vocation, à un dépassement de soi que lui révèle « l’intelligence chrétienne ».