« L’édition originale du Poète fou, comportant neuf illustrations de Léon Zack, est publiée à Monaco par les Éditions du Rocher en 1944. Le livre sort des presses le 21 août. [...]
La lecture de Hölderlin est, pour Pierre Emmanuel, un catalyseur de sa propre réflexion sur le mythe. "Pierre Emmanuel — écrit Albert Béguin — a renouvelé l’une des grandes intuitions de la poésie européenne : celle de Hölderlin, qui découvrit soudain les mythes grecs, non seulement dans leur valeur historique ou plastique, mais dans leur signification éternelle et vivante. Et à son tour, l’auteur du Tombeau d’Orphée a vu dans le chantre déchiré par les ménades une figure, un reflet du Christ. Mais, tandis que le poète foudroyé du romantisme allemand, — héritier sans le savoir des Renaissants français — demeurait tout engagé dans un paganisme dramatique, et n’atteignait à quelque intelligence de la vérité chrétienne qu’à partir du mythe ancien, Pierre Emmanuel se situe d’emblée en un centre qui est l’Incarnation de Jésus-Christ" (A. Béguin, Présentation de Pierre Emmanuel, in P.E., Le poëte et son Christ, "Les Cahiers du Rhône", Neuchâtel, La Baconnière, 1942, p. 137-138). Les deux études qui précèdent les poèmes du Poète fou dans l’édition de 1948 (au Seuil) — "Hölderlin et l’Histoire", parue dans la revue Fontaine (n°56, 1945), "Le Christ de Hölderlin", parue dans Suisse contemporaine (juillet 1943) sous le titre "Sur une traduction de Hölderlin" — le confirment.
François Livi, notice du Poète fou, Œuvres poétiques complètes, t. 1, L’Âge d’Homme, 2001, p. 1160-1163.
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