Il se tira lourdement de sa vase il se désembourba de son âme
Un péché d’énorme fatigue une boue de plomb lui collait dessus
Une angoisse l’écœurait d’être en vie.
Cette mort molle qu’il faut hisser puis contraindre à se tenir debout
Moi qui se somme d’être un rocher et sitôt droit n’est qu’une chute
d’entrailles
Tel est l’homme devant l’exigence de Dieu et le fardeau d’en être aimé.
Quand Dieu est si près que l’homme ne peut fuir il peut toujours tomber
dans son puits
Mais tout au fond il est horriblement acculé par les appels venant de la
margelle
Et sa stupeur lui devient un enfer quand il s’y entend traquer par son
nom.
Cousu serré dans son sac à mensonges lesté du poids de ses moindres
mots
Chu de lui-même au plus épais de son trou qui se referme indifférent à
mesure
Il se réveille étale et sans borne sur une île d’oubli douloureux
Jacob, « Au fort de la nuit »