Tu nais homme pour subir tout de l’homme, broyé comme terre sèche
entre nos doigts. Comme la glaise, nous te mouillerons de ton sang.
Tu perdras cœur et volonté d’être
Dieu feindra qu’il retire sa main.
Ainsi, à nos yeux de chair, en va-t-il aujourd’hui en cette étable, où se
préfigure l’ultime abandon.
Aussi faible qu’au Golgotha est ton corps qui bleuit à sa naissance, car
son Dieu lui manque avec l’air.
Mais à la limite de l’asphyxie, dans l’éclair du parfait désespoir,
Avec le cri de l’enfant et l’appel au secours de l’homme
Dieu revient dans la chair désertée. Dieu nous emplit de toute sa force
Tel un bélier qui brisant la mort nous fait mal.
Avec la force de Dieu nous ressuscitons de nous-mêmes. La sentence
de mort est levée que nous passons à perpétuité contre nous.
Du persécuteur de l’homme renaît l’homme : du coupable l’innocent.
Le Christ triomphe de la voracité de notre tombe, du néant que le
manque de Dieu creuse en nous.
La nouvelle naissance, « Nativité »