Évangéliaire paraît en novembre 1961, aux éditions du Seuil, puis en février 1969 dans la collection « Livre de vie ». L’expérience initiée dans Les jours de la Nativité se poursuit ici sur l’ensemble de l’Évangile, que le poète illustre, éclaire à la manière des enlumineurs du Moyen Âge. Livre unique dans l’œuvre de Pierre Emmanuel, Évangéliaire se place, par son titre, dans une longue tradition liturgique : l’évangéliaire étant le recueil des lectures évangéliques prévues par le rituel pour les dimanches et les fêtes.
Il dit une expérience qui se construit en même temps que l’écriture : « (…) à fréquenter jour après jour l’Évangile, fût-ce pour n’en tirer que des thèmes, j’étais toujours sur le passage d’un seul : rencontré par lui, vu par lui, abordé par lui, visité par lui. À mon tour, par la force des choses, j’en vins à le chercher, à le regarder en face, à l’interroger. En ami, et en ennemi : le Pharisien le disputant au disciple » (Préface). Pourtant Pierre Emmanuel précise : « Ce livre est un poème : qu’il soit jugé comme tel. Il ne fut écrit pour édifier personne. Il ne fut pas composé comme on prie ». Telle est l’ambiguïté de l’œuvre et sa richesse. La création poétique ne s’analyse plus à l’aune de l’originalité mais, inscrite dans une parole autre où elle prend soin de se greffer, elle se laisse travailler de l’intérieur par la citation de cette Source d’où elle coule.
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