« Ma mère est béarnaise : mon père était dauphinois. De Corps, où je ne suis allé qu’une fois, à dix ans, par-dessus (m’a-t-il semblé) des abîmes. Les Alpes m’ont terrifié. J’aurais voulu n’être que béarnais, et nonchalant : hélas ! Je suis aussi dauphinois et janséniste.
Mon grand-père paternel était charpentier : mon grand-père maternel, maître-maçon. Moi, je bâtis des poèmes, qui ont des fondations, des murs, et un toit. En Béarn, on aimait la belle pierre. Les maisons étaient faites pour durer.
(…) Certains partirent pour "les Amériques" : au début du siècle, mon père y entraîna ma mère, qu’il avait connue à Paris. J’ai donc à peine connu mes parents – et j’en ai souffert de manière vague, toujours. »
Pierre Emmanuel, Poètes d’aujourd’hui, Seghers