« J’eus (…), vers ma quarantième année, un accès horrible de manque de confiance en moi : ma vie s’était fendue d’outre en outre, je ne reposais sur rien. » (Il est grand temps…)
« Il se fit en moi comme une rupture de l’évidence qu’est le fait d’être, et je vécus cette angoisse de choir, de déchoir, que l’on nomme très justement dépression, et dans laquelle on se découvre à soi-même que l’on ne se suffit pas, que brusquement on n’est plus sûr de soi, en sécurité en soi, mais au contraire menacé de partout et d’abord du dedans par son propre non-être. Et l’on se cherche désespérément un recours, on voudrait que quelqu’un vînt tirer de là ce moi misérable, et que celui-ci pût le reconnaître comme l’être qui tire de là. Et il arrive, dans cette abjection, par sa vertu dirais-je presque, de faire l’expérience non pas qu’un être quelconque peut sauver, mais que, quoi qu’il advienne, l’Être a déjà sauvé ; que ce qui sauve est l’identité absolue de l’Être, ce Je suis celui qui suis par quoi aucun être hormis l’Être ne peut se définir. »